Sheldon city, Dyton - Août 2526
Il semblait être le seul à entendre ça…
Ca le rendait fou, mais il résistait… Marc résistait…
Une semaine que ça durait, ce bourdonnement lancinant qui ne quittait plus sa tête…
Depuis que le monde avait basculé dans la folie… Comme lui bientôt si ça ne cessait pas…
Marc ne comprenait pas ce qu’il s’était passé cette nuit là. Tout était normal quand il s’était couché. Le bourdonnement avait commencé pendant son sommeil, au point de le réveiller.
Il avait passé la tête à la fenêtre et levé les yeux vers le ciel, vers ce bruit… Et il avait vu des formes, des silhouettes, se dessiner sur les étoiles. Peut-être un nouveau modèle de vaisseau, peut-être autre chose… Ca volait lentement, ça flottait presque, porté par les airs, comme un nuage.
Une hallucination, un rêve dû à l’alcool peut-être, ou à la drogue qu’il appréciait tant ces temps-ci…
Il s’était recouché et rendormi, avant que ce bourdonnement n’emplisse sa tête, ne l’empêche de dormir ou de penser. Il s’était tourné et retourné dans son lit, sans trouver le sommeil, écoutant ce bruit, jusqu’au petit matin, incapable d’autre chose.
Au petit matin, une brume épaisse recouvrait la ville étrangement silencieuse… Personne dans les rues, à l’heure où les gens vont normalement travailler… Silencieuse, sauf ce bourdonnement…une pilule… il lui fallait une pilule…
Un cri déchira le silence dans l’appartement du dessus, puis un bruit de bagarre. Etrange, ces voisins étaient calmes d’ordinaire.
Gobant la pilule, Marc sortit de la salle de bain en se massant les tempes, essayant de chasser ce bourdonnement incessant et… Il vit le couple du dessus passer devant sa fenêtre du 15ème étage, enlacé dans une dernière chute mortelle.
C’est à ce moment là qu’il avait compris que tout avait changé dans la nuit, mais comment ? Pourquoi?
A ce moment là il réalisa que ce qu’il avait pris pour un cauchemar avait bien eu lieu. Guidé par sa folie, peut-être, quand on avait frappé à sa porte violemment durant la nuit, comme pour la défoncer, il s’était armé d’un rouleau à pâtisserie et avait frappé de toutes ses forces tout en ouvrant subitement la porte. Il ne savait pas pourquoi il avait fait ça, mais le visage ravagé de son visiteur inconnu lui disait qu’il avait eu raison…
La pilule faisant enfin son effet, Marc avait passé la tête dans le couloir. Les autres appartements aussi avaient été visités par ces « défigurés ». Des cadavres comme celui devant sa porte gisaient dans le couloir, souvent atrocement mutilés. Au numéro 4222 il devait y avoir une sorte de fête. Ca grognait, vociférait, hurlait de douleur… finalement peut être pas la fête pour tout le monde. Marc, sans chercher à comprendre, avait quitté l’immeuble rapidement.
Ensuite il avait erré toute la journée. De planque en planque, cherchant la sécurité, cajolant la boite de pilules contre son cœur, en gobant une régulièrement, planant un instant béni, débarrassé pour quelques minutes de ce bruit incessant.
Finalement, il avait retrouvé un de ses vieux squats, et quelques junkies endormis. Seul un était éveillé, et semblait aussi paniqué que lui. Ils s’étaient réunis, et ensemble tentaient de faire front.
Jack était comme lui. Lui aussi entendait, mais ça ne le gênait qu’à peine. Il parlait d’une mouche.
Depuis une semaine qu’ils étaient là, ils avaient vu plus de morts qu’ils ne pensaient en voir durant toute leur vie… Ils avaient vu des groupes de fous furieux, et même dû se battre contre eux parfois…
Jack semblait s’amuser, parfois, alors que les autres se contentaient de planer, de vivre dans leur monde… Marc n’avait pas peur d’eux… Mais Jack… Il n’entendait plus le bruit, lui… Et Marc était sur qu’il voulait lui prendre ses pilules, ses chères pilules…
Mais il ne les aurait pas !
Pour faire disparaître ce bourdonnement, il avait trouvé autre chose que les pilules… Il devait se rationner, qui sait quand il pourrait en avoir à nouveau ?
Alors il avait cherché…
Il s’était caché pour ça, il savait qu’il ressemblerait trop à ces furieux… Mais une fois qu’il avait commencé, il n’avait plus su s’arrêter... Il se changeait… Comme ces riches de bio modifiés, mais version artisanale. Il se tailladait les bras, se faisait des piercings maison avec des bouts de verre ou de métal. Il s’était même limé les dents en pointe. Tout ça en cachette, et dissimulé par les vêtements.
Plus efficace que la drogue! Et même pas douloureux! Le bourdonnement devait l’anesthésier...
Quand il fut sûr que Jack allait lui prendre ses cachets, il attendit la nuit… et…
Jack passa à l’attaque.
Marc écarquilla les yeux de frayeur en voyant ce que Jack s’était fait, lui aussi !
Il était exactement comme ces fous… comme… lui ???
Le combat ne dura que quelques secondes, ne réveillant même pas les autres camés, qui ne virent que le lendemain les 2 corps mutilés et enlacés dans la mort.
En voyant ça, nonchalamment, l’un d’eux shoota la boite de pilules : « Elle est pourrie ta came mec»